AUTO/GRAPH

AUTO/GRAPH

du 20 octobre au 3 décembre 2022
MARCEL SCHWITTLICK Solo Show

L’exposition AUTO/GRAPH mets en lumière le paradoxe d’un procédé de fabrication automatisé, qui pourtant exprime l’expression sensible de l’artiste. Schwittlick manifeste sa vision conceptuelle en interagissant avec la machine, il cherche à parler son langage pour en exploiter l’expression formelle.

Si la définition d’autographe est “qui est écrit de la propre main de quelqu’un”, Schwittlick redéfinit ce principe en délégant l’action de la main à l’automatisation d’outils et la mise en place de systèmes.
Son procédé devient sa signature : c’est à travers le choix des dispositifs numériques et mécaniques qu’il affirme son style.

Marcel Schwittlick est un artiste berlinois qui puisse son inspiration dans l’observation des aspects cybernétiques et des systèmes génératifs de la technologie moderne. Diplômé de l’Université des sciences appliquées de Berlin, il a étudié les propriétés techniques des médias numériques, l’élaboration de dispositifs médiatiques et l'interaction homme-machine. En 2019 il s’est spécialisé en art computationnel, en suivant la formation interdisciplinaire Art & médias de l’Université des Arts de Berlin, qui met l'accent sur l'interaction entre l'expérience artistique et les médias techniques. De ce parcours entre art et technologie, il acquit les aptitudes à la construction de ses propres programmes et machines algorithmiques, dédiés à la création artistique. L’usage de l’ordinateur associé aux robots constitue un liant essentiel à son expérimentation. Sa pratique s’illustre sous diverses formes : dessins au traceur, installations physiques et interactives, réalité virtuelle, poésie générative…

L’exposition présente plus particulièrement ses séries d'oeuvres sur papier, qui illustrent sa pratique des traceurs (plotter). Collectionneur de machines, comme des traceurs à stylos des années 80 (traceur HP 7475A, Roland DG - DPX 3300,…), son approche se situe entre technologie et vintage. Il forge une relation à travers les médias physiques et numériques, les approches traditionnelles et modernes. En utilisant ce type de procédés, il revient sur l’histoire même de notre rapport l’informatique.

L’aspect procédural de sa pratique transparait sur plusieurs plans  : en créant des systèmes de production protocolaires et automatisés, en explorant la fonction générative via la programmation, et aussi via le principe même de série avec plusieurs œuvres obéissant au même modèle. Comme dans sa série Upward Spirals, où il décline le principe de la spirale selon les possibilités combinatoires des couleurs du cercle chromatique.

Une étape importante de son processus de création débute en 2012, lorsqu’il développe un logiciel enregistrant les mouvements du pointeur de sa souris d’ordinateur en les interprétant comme des lignes. Cet épais volume d’informations est un matériau de base qu’il organise avec des algorithmes selon leurs propriétés. Son interface lui permet de sélectionner les lignes en définissant des critères et paramètres précis, qui constitueront la matrice de l’œuvre finale.

La série One honest day of work retransmet ainsi une trace du passé en utilisant les données générées par l’homme. Ce travail illustre particulièrement son étude de la cybernétique  : en révélant le contraste entre la captation d’un geste humain désordonné et la forme esthétique liée au langage informatique.

”J’aime voir les artistes intervenir sur tous les aspects de leur travail, dépasser la contrainte du médium utilisé grâce à la liberté de l’esprit artistique. C’est dans ce moment de défi que se produisent les créations intéressantes - la sérendipité et le chaos dans le royaume des règles et de l’ordre” (extrait de l’interview Artqol, 2019, Marcel Schwittlick sur l’intersection de l’art et de la technologie).

Dans son approche, il applique la notion de cycle, établissant des systèmes qui naviguent entre digital et tangible. Ainsi, l’enregistrement d’une donnée physique peut être passée au prisme de la programmation, pour apparaître finalement matérialisée par le traçage au plotter.

L’œuvre finale devient le témoin visuel de l’ensemble de son processus créatif. Schwittlick est à la recherche du moment où le tracé est à la limite de l’entropie. Cet instant précis où l’imprédictibilité du contenu d’une information passe un niveau de désorganisation visuelle qui ne peut être humain.

En produisant un code en dialogue direct avec l’outil, il explore intentionnellement le hasard ou la marge d’erreur, parvenant ainsi à capter la “sensibilité de la machine”. Dans la série Composition #65, l’artiste exploite par exemple l’esthétisme d’un bug découvert lors de l’utilisation d’un traceur vintage.

Cette expérimentation est parfois poussée jusqu’à l’extrême  : dans la série Buffer overflow, il force à cent reprises le dépassement de mémoire d’un traceur, pour obtenir l’empreinte graphique de ses passages successifs.
L’artiste teste aussi les limites physiques de l’outil, comme dans la série composition #52, the dying rotring, où il exploite les effets obtenus par l’usure du stylo, ou encore avec ses Upward Spirals et les passages successifs de cire industrielle.

Dans ce processus, la performance artistique est déléguée et robotisée. La spiritualité de la démarche s’inscrit dans la recherche d’une pure manifestation d’un système. En la capturant et la matérialisant, Marcel Schwittlick met en lumière notre rapport à la machine, la répétition et l’automatisation des tâches dans notre quotidien.

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